Le monde brûle tant physiquement que moralement. Le carbone se consume toujours plus et avec lui l’âme de l’humanité. L’énergie miracle, abondante et bon marché est à la base de notre système. Toujours plus de machines au service de l’immédiateté, prêtes à assouvir le moindre désir sur l’autel de la consommation. Le Dieu croissance est séducteur avec ses promesses d’opulence mais la terre est exsangue et nous fonçons de plus en plus vite vers le mur de la réalité. Le rêve devient cauchemar.
   Nous côtoyons la ville tropicale américaine de ces photos au quotidien. Un décor hollywoodien où nous sommes les acteurs, les consommateurs, les décideurs. L’habitude, la routine, la nécessité de s’intégrer au système ankylose notre libre arbitre. Les choix sont restreints, nos contradictions nombreuses mais nous pouvons simplement ouvrir les yeux. Voir les néons, les enseignes publicitaires, la lumière qui attire, qui attise nos envies jusqu’au plus profond de la nuit maintenant américaine, bétonnée, artificielle. Les causes éclairent ici les conséquences du changement climatique. La végétation tropicale occupe le paysage, la Floride vient s’inviter au pied des Pyrénées. Toutes ces photos sont prises dans l’agglomération paloise. Une forte unité de lieu pour mieux extrapoler sur n’importe quel autre endroit, avec les mêmes problématiques. Et si ici le climat devient tropical, ce sera le désert plus au sud.
   Voir pour prendre conscience pleinement du monde dans lequel on vit, à quel point il est en mutation. Voir d’autres scènes que j’aurais pu photographier, changer de point de vue et devenir sensible à cette multiplicité d’indices. Voir enfin au-delà des apparences pour comprendre les implications sur nos vies et celles de nos enfants. Le syndrome de l’autruche n’est plus acceptable, il est urgent de changer de paradigme.